Brésil: coup de gueule de la leader indigène

« Il n’y a rien à célébrer à l’occasion de la Journée mondiale de l’environnement. »

C’était le message d’Alessandra Korap Munduruku, leader et défenseure des droits autochtones, sur les réseaux sociaux, ce dimanche 5 juin.

Por Pascale Pfann

Traduction du texte de Tweeter: « Si nous avons eu la force de rester debout, nous allons protéger l’environnement, mais ne nous empêchez pas de vivre sur nos terres… Projet de Loi 490, non, Projet de Loi 191, non @STF_oficial (Cour suprême du Brésil) ne détruisez pas les rêves de nos enfants. de nos petits-enfants ni ceux des autres peuples (indigènes) qui attendent aussi voir ses territoires délimités.

Bien qu’elle n’avait rien à célebrer, Alessandra Korap a proné la protection de l’environnement, a pris position contre les projets de loi 490 et 191 (voir ce que chacun signifie ci-dessous) et a lancé un appel à la Cour suprême brésilienne pour ne pas détruire les rêves des enfants, des petits-enfants ni ceux d’autres peuples autochtones qui attendent également que leurs terres soient délimitées.

PL 490 – Demarcação de terras indígenasProposition qui vise à retirer du Gouvernement le pouvoir de délimiter les terres indigènes en transférant la prérrogative au pouvoir législatif. Le projet prévoit également que le Gouvernement peut s’approprier des terres dites « réservées », selon ce qui a été établit par le Statut des Indigènes, afin d’assurer la survie physique et culturelle d’une communauté. « La délimitation des terres indigènes ne se limite pas à la politique indigène. C’est une question qui dépasse les limites de la politique pour les peuples indigènes et satisfait des intérêts différents ». Ces intérêts seraient « les zones frontalières destinées à la production agricole et d’élevage ainsi qu’à d’autres activités productives importantes… les terres occupées par des travaux d’infrastructure. Par exemple, les routes, les réseaux d’électricité et de téléphonie », entre autres.
PL 191 – Mineração em terras indígenasDéfendu par le président Jair Bolsonaro depuis le début de son mandat et proposé par l’Exécutif,  début 2020, le PL ouvre la voie aux activités économiques comme l’exploitation minière sur les terres indigènes. Le projet a été conçu sans la participation des peuples autochtones et fait partie des PL que Bolsonaro considère comme prioritaires pour l’examen de la Chambre des députés.
Source: Câmara dos Deputados e Agência Lupa/UOL/FSP

Qui est Alessandra Korap MDK ?

Alessandra est une leader et défenseure des droits des autochtones, notamment de son peuple Munduruku, qui est situé dans le bassin de la rivière Tapajós, dans l’État du Pará. Elle se démarque pour dénoncer les invasions de son territoire, l’exploitation forestière illégale et l’exploitation minière illégale en Amazonie .

Dans une interview au journal Info Amazônia, , la chef indigène a déclaré que sa vocation s’est révélée lorsqu’elle est devenue enseignante dans le village où elle vit, à « praia do índio », dans le périmètre urbain d’Itaituba. « J’étais très timide au début, mais je n’ai pas abandonné », elle ajoute. La leader a vu sa ville envahie par des grands projets et son peuple perdre le droit d’accès à certains endroits où il n’y avait plus de forêt : « On n’avait plus le droit d’aller s’approvisionner en paille pour construire nos habitations, là-bas où ils avaient construit des ports et des fermes ». Pour elle, il était temps de faire quelque chose. Et elle l’a fait. « Les chefs de tribu ont commencé à m’observer. J’étais là, j’allais à des réunions, à des assemblées, j’écoutais. Au début, j’étais gênée. Mais le souvenir des enfants malheureux me venait à la tête et cela m’a m’a motivé à parler. Quel sera l’avenir des enfants ? »

Alessandra Korap a bloqué des routes, fait réagir la communauté, et a été écoutée. Elle a été la première femme à coordonner l’Association indigène Pariri, qui représente les familles de dix villages de la région du Moyen Tapajós, dans le Pará. En 2020, le Prix Robert F. Kennedy des droits de l’homme luit a été décerné. Sur les réseaux sociaux, elle a remercié l’affection et la reconnaissance, et a déclaré que les ressources du prix de 30 000 dollars aideront l’association Pariri.

Réunion pour la défense du territoire Munduruku. Via ANA/YouTube

« Je ne peux pas rester chez moi, toute seule, cachée. Il faut que j’aille aider. Si je meurs, au moins j’ai fait quelque chose. »

Alessandra Korap estime que la la pandémie du Covid-19 a beaucoup aggravée la situation. « Les chercheurs d’or illégaux et les envahisseurs qui menacent le territoire ont infecté notre peuple », raconte à InfoAmazonia. Selon Alessandra, le Ministère Public a été informé de la situation, mais personne de l’organisme fédéral ne s’est rendu pour expulser les malfaiteurs. « On a même vu la Funai (Fondation Nationale de l’Indien) encourager les gens à planter du soja, à déboiser et à exploiter le territoire », déplore-t-elle. « Si le peuple indigène n’a pas la terre, où vivra-t-il ? Ils ne veulent que le bois, les fermes et le soja. Il n’y a que des plantations de soja et ça avance de plus en plus. »

Malgré toutes les difficultés, la leader Munduruku ne se décourage pas. Au contraire, « Je ne peux pas rester chez moi, toute seule, cachée. Il faut que j’aille aider. Si je meurs, au moins j’ai fait quelque chose. Nous ne pouvons pas abandonner notre rivière, nous ne pouvons pas abandonner notre maison. »

Source: InfoAmazonia. org, Agência LUPA, Carta Capital, Câmara dos Deputados, redes sociais

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